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vendredi 18 mars 2016

LA LECTURE EN QUESTION



I  / ÉTAT DE LA QUESTION
Dans l’éventail des activités développées à l’école élémentaire, la lecture occupe une place centrale. De sa maîtrise, en effet, dépend dans une large mesure la réussite scolaire de l’enfant. Pourtant, à parcourir l’abondante littérature qui lui est consacrée, on est frappé par la pluralité, pour ne pas dire les divergences, de points de vue sur l’acte de lire.
Qu’est-ce que lire ?
Lire est une activité productrice de sens à partir d’indices visuels abstraits. Plus précisément, « lire, c’est se servir de ses yeux pour construire du sens sur un message dont on a besoin pour faire autre chose que lire ».
Cette définition met en évidence les composantes essentielles de l’acte de lire perceptibles à travers :
• des activités fonctionnelles de l’œil : mémoriser et discriminer visuellement, élargir le champ de vision;
 • des activités de compréhension : prélever des indices, formuler et vérifier des hypothèses;
 • une lecture des textes authentiques à partir de types d’écrits variés (livres, notices, affiches, etc.);
• une utilisation plurielle de l’écrit pour s’informer, agir, se détendre et réagir.
Il est paradoxal de noter l’écart qui existe entre les résultats de la recherche actuelle et les pratiques pédagogiques en cours qui, il faut bien le reconnaître, ont très peu évolué.
À l’analyse, ces pratiques restent dominées, au CI/CP, par la combinatoire (formation et association syllabiques) et, à la deuxième et troisième étape, par l’oralisation de textes.
C’est pourquoi, à la première étape, l’essentiel de l’activité de l’élève se résume à combiner des éléments isolés, dépourvus de sens (lettre-son-syllabe) et à les répéter mécaniquement tandis qu’au CE et au CM, l’élève passe le plus clair de son temps à oraliser des textes.
L’expérience a montré que les élèves ont du mal à passer du déchiffrement, même rapide, à une véritable lecture. L’activité mentale se réduit pratiquement à la maîtrise de mécanismes associatifs (lettre, syllabe, mot) au détriment d’une véritable activité de construction de sens.
 Cette prééminence du déchiffrement dans l’apprentissage de la lecture semble être à l’origine de bien des difficultés que rencontrent nos élèves. Dès lors, il s’avère opportun, voire urgent, d’opérer un recentrage tant au plan didactique (manière dont l’élève acquiert les savoirs en lecture) que pédagogique (processus relationnel par lequel le savoir est acquis) pour mieux prendre en charge la problématique de la construction du sens dans l’apprentissage de la lecture.
II OPTION DU CURRICULUM
C’est dans cette dynamique de réorientation de la pédagogie de la lecture qu’il convient de situer et de comprendre les démarches pédagogiques de lecture proposées dans les guides du Curriculum de l’Éducation de Base.
Dans l’optique de ces démarches et dans la logique d’apprentissage qui les sous-tend, l’accent est, d’une part, mis sur une liaison étroite langage/lecture et, d’autre part, sur le questionnement de textes systématisé à la 2e et à la 3e étape.
Dans les apprentissages, un pont est désormais établi entre ces deux activités, permettant au maître de prolonger la leçon de langage par une activité de lecture.
Durant tout le premier trimestre du cours d’initiation (1re étape/niveau 1), le maître, prenant appui sur ces deux démarches, s’emploiera à faire acquérir un capital de mots qui servira de viatique à la lecture/écriture.
Il veillera surtout à aménager la classe (étiquettes, mots, dessins collés et accrochés aux murs) de telle sorte qu’elle constitue un environnement de l’écrit incitatif, interpellant quotidiennement l’élève dans sa découverte et dans son apprentissage de la lecture.
Au deuxième trimestre, parce que l’élève aura été mis dans un bain de l’écrit propice, le maître insistera sur le questionnement de texte, avec, comme toile de fond, le développement de la lecture silencieuse.
Confronté à une variété de textes, l’élève, par la lecture silencieuse, s’exercera à repérer les indices (silhouette, illustrations, titre du texte, mots connus, ponctuation…) indispensables à leur compréhension et à leur identification.
Principalement, l’élève apprendra à lire et non à déchiffrer.
Une telle perspective ne manque évidemment pas d’entraîner des réaménagements, voire des modifications, dans la gestion et l’agencement des apprentissages.
Ainsi, tel qu’il apparaît clairement dans les démarches illustrées dans le Guide de la 1re étape, la lecture à voix haute et la combinatoire ne sont plus les activités dominantes dans l’apprentissage de la lecture. Toutefois, la lecture à voix haute, qui est très importante, fait l’objet d’une exploitation pédagogique spécifique (voir les guides).
Dorénavant, la combinatoire et la lecture à voix haute sont mises au service de la compréhension de ce qui est lu. Autrement dit, au plan pédagogique, leur mise en œuvre n’intervient qu’à la suite d’un travail systématique de compréhension et d’identification de textes variés.
Là également, l’innovation qu’il importe de souligner, c’est l’introduction, dès la première étape, de textes narratifs, descriptifs et injonctifs. Au fur et à mesure que l’élève évolue dans sa scolarité, cette option s’élargit pour embrasser, au CE, les textes informatifs et poétiques et, au CM, les textes argumentatifs.
Quand on sait que la nature et la forme des textes soumis à la lecture des élèves influent considérablement sur leur future relation avec l’écrit et sur leur comportement de lecteurs, alors on comprend toute la place qui leur est donnée dans le développement de la compétence de lire.
Au total, les démarches de lecture proposées dans les guides pédagogiques du Curriculum s’inscrivent dans la trajectoire d’une pratique rénovée de l’apprentissage de la lecture.
Elles ne sont ni des modèles définitifs, encore moins des recettes à utiliser aveuglément.
Elles sont à appréhender comme des stratégies dynamiques de mise en œuvre d’activités de lecture dont l’application requiert un effort d’adaptation quotidienne.
Elles invitent résolument à un changement de comportement et de pratique pour une prise en charge plus affirmée de la délicate question de la construction de sens en lecture

                                                              Votre Fidèle serviteur

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