L'INTRODUCTION...
... D'UN COMMENTAIRE DE TEXTE (suivi et composé)
Levons dès le début l'équivoque :
√ le commentaire n'est pas un résumé de texte (même si, face à ces exercices littéraires, on prend appui sur un texte).
√ le commentaire de texte n'est pas une dissertation (même si ces deux
exercices littéraires amènent le candidat à produire une introduction,
un développement et une conclusion).
Qu'est-ce que le commentaire de texte littéraire, dans ce cas ?
Il s'agit d'un texte dont il faut montrer l'aspect artistique, le tout
organisé autour d'une introduction, d'un développement et d'une
conclusion). Plus concrètement, le candidat doit savoir harmoniser
l'étude du fond et de la forme, de la matière et de la manière ou
encore, en traduction wolof, ''limou wakh ak nimouko wakhè''. Mdr !
L'INTRODUCTION PROPREMENT DIT...
Elle est composée de trois séquences : la situation, l'idée générale et le plan.
I. LA SITUATION.
Il y a trois sortes de situation.
1. Situation interne.
C'est toute information issue de l'oeuvre en question. Plus
précisément, il faut résumer brièvement les passages qui précèdent le
texte à commenter, histoire de mieux s'imprégner de l'extrait à
commenter.
@ Modèle de situation interne (basé sur l'extrait de Germinal)
Personnage principal du chef-d'oeuvre de Zola, chômeur endurci , le
jeune Étienne Lantier cherche du travail à Montsou où il arrive un soir
d'hiver. Complètement perdu et désabusé, il rencontre Bonnemort, le
doyen des ouvriers mineurs.
2. Situation externe.
C'est
toute information puisée hors de l'oeuvre mais qui entretient avec elle
un étroit rapport de solidarité. Elle peut être issue de la vie
(biographie) ou de l'oeuvre (bibliographie) de l'auteur du texte, du
contexte historique ou le cadre spatio-temporel liée à la publication de
l'ouvrage, le courant littéraire auquel l'auteur appartient...
@ Modèle de situation externe (basé sur l'extrait de Germinal)
Si des écrivains se font appeler réalistes, c'est parce qu'ils
ambitionnent de faire du réel leur principale source d'inspiration.
Émile Zola, l'auteur de cet extrait du chapitre I de la première partie,
poussera le scrupule plus loin en faisant découvrir les horreurs dont
les prolétaires sont victimes, à l'instar des ouvriers mineurs.
3. Situation combinée.
Comme son nom l'indique, il s'agit de la combinaison des deux
situations (interne et externe). Dans ce cas, il est préférable, par
souci de logique, de commencer par la situation externe et de terminer
par la situation interne, dugénéral au particulier. Quoi qu'il en soit,
chacune d'elles remplit deux fonctions : elle procède, du général au
particulier, à une contextualisation. Mieux, la situation apporte un
éclairage sur l'idée de départ qu'on doit se faire du texte à commenter.
Par exemple, on n'admet pas que le candidat à qui on soumet à la
réflexion un poème de Victor Hugo (comme celui qui commence par ''Ô je
fus comme fou...) parle de tout ce qu'il sait du poète (même de sa
période d'exil, sans oublier la mention de Juliette Drouet, sa maîtresse
ou encore de Napoléon Bonaparte).
Situation ''tigadégué''. Khakkhataay !
En un mot, tant que l'information n'a pas de francs rapports avec le texte, ne l'évoquons pas !
En guise d'exemples, relisez mes petits commentaires placés à l'en-tête
de chacun des textes (les quatre extraits des oeuvres de Hugo, La
Fontaine, Césaire et Boileau) illustratifs des quatre fonctions
incontournables de la poésie que j'ai fait paraître antérieurement.
II. L'IDÉE GÉNÉRALE.
On la formule généralement en répondant à la question suivante : «de
quoi est-il question dans cet extrait ?». Malheureusement, nombreux sont
ceux qui estiment que la réponse à cette question ne cerne pas
entièrement le texte puisqu'elle risque de ne circonscrire que ses
quelques aspects.
Empruntons la V. D. N. (Voie de Dégagement Nord) Mdr !
Posons-nous les questions suivantes inspirées des nombreux adjectifs et adverbes interrogatifs de la langue française :
- Qui ? DES PERSONNAGES
- Combien ? DEUX : ÉTIENNE (un jeune homme chômeur) et BONNEMORT (un vieil homme doyen des ouvriers)
- Quoi ? (CONVERSATION sur le métier de mineur)
- ...?
Toute autre question (où ? quand ? pourquoi ?...) est la bienvenue si
elle permet d'aboutir à la question de départ. Finalement, on obtient
par exemple une phrase relativement comparable à celle-ci :
@ Modèle d'idée générale (basé sur l'extrait de Germinal).
Dans ce passage, Étienne, un jeune chômeur qui cherche du travail fait
connaissance avec Bonnemort, le doyen des ouvriers qui étale (dans ses
propos comme dans son aspect physique) les dures conditions du travail
des mineurs dont il est le doyen.
Jusque-là, il n'y a aucune
différence entre le commentaire suivi et le commentaire composé. C'est à
partir de la troisième séquence de l'introduction (le plan) que la
différence d'approche du texte fait surface.
III. LE PLAN.
A. Plan d'un commentaire suivi.
Le commentaire suivi adopte une analyse linéaire (ligne après ligne,
énoncé après énoncé, paragraphe après paragraphe, successivement). Trois
informations essentielles doivent apparaître dans la formulation du
plan d'un commentaire suivi.
1. Le nombre de mouvements.
Ça
ne vaut pas la peine de morceler exagérément le texte ; en le
saucissonnant de la sorte, on risque d'avoir trop de parties dans le
développement. En toute modestie, deux ou trois articulations suffisent
largement. Il faudra en mentionner le nombre dans le plan.
2. La délimitation des mouvements.
Il faut établir des limites à chaque mouvement : jusqu'où s'arrête le
premier ? À partir d'où faut-il stopper le suivant ? Où commence le
dernier ? Il est préférable, pour un texte poétique comme prosaïque, de
citer les expressions qui correspondent aux délimitations, et non des
mots, des lignes ou des vers numérotés. En outre, pour ceux qui ont du
mal à délimiter les mouvements d'un texte littéraire, je leur propose de
porter une attention particulière sur des "changements de vitesse" :
d'un type de discours (direct) à l'autre (indirect), d'un point de vue
(focalisation externe) à l'autre (interne ou zéro), d'un type de texte
(argumentatif) à l'autre (descriptif, narratif, injonctif...), d'un
personnage (présent, actif...) au suivant (absent, inactif...), d'un
milieu ou d'un temps (présent ou passé) à l'autre (éloigné, futur), etc.
3. Le titrage des mouvements.
Il faut aussi, à chaque mouvement, proposer des titres pertinents qui
résonnent comme des idées générales. Ce sont des titres du genre
syntaxique (article + nom + adjectif qualificatif ; nom + complément du
nom ; article + nom + complément circonstanciel ; ...) et non sous forme
de phrases (sujet + verbe conjugué).
® Ces trois informations
essentielles doivent être solidaires, c'est-à-dire à ne pas séquencer.
Tout sera structuré autour de phrases comme les suivantes :
@ Modèle de formulation de plan d'un commentaire suivi.
Dans la perspective d'un commentaire suivi, nous articulerons ce texte
autour de trois mouvements ; le premier qui va du début à ''... pour
rire'' peut porter comme titre LES PRÉSENTATIONS. Le deuxième qui se
poursuit jusqu'à ''... la terre noircit'' s'intitulera LE PORTRAIT DE
BONNEMORT. Quant au dernier qui concerne le reste du texte, il sera
titré LA CARRIÈRE DÉGRADANTE DE BONNEMORT.
B. Plan d'un commentaire composé.
Généralement, dans la consigne, on propose au candidat (à l'élève du
second cycle) des axes de lecture, des centres d'intérêt ou bien on
laisse au candidat (à l'étudiant en Lettres) l'opportunité de choisir
lui-même ces centres d'intérêt ou axes de lecture.
@ Modèle de formulation de plan d'un commentaire composé.
Dans un commentaire composé, nous articulerons nos propos autour de
deux centres d'intérêt : le premier s'attachera à justifier les dures
conditions de travail des mineurs ; le deuxième explicitera comment ces
risques du métier déteignent sur l'aspect physique et moral des
personnages.
Bonne digestion !
Tout prochainement, je ferai
paraître une publication sur la technique de rédaction d'un
développement de commentaire (suivi et composé) basé sur le même extrait
de Germinal.
A très vite !
Issa Laye Diaw, donneur universel.