Ce qui fait tenir la classe
Enseigner dans telle classe difficile (et encore quand il n’y en a
qu’une) devient vite le souci principal qui poursuit l’enseignant durant
toute sa semaine. Le défi est de taille : faire face, aller au front,
voire pratiquer non plus un coude à coude, mais un corps à corps pour
faire apprendre ou pour faire entrer les élèves dans les apprentissages,
au sens large. Car une classe difficile n’est pas toujours une classe
turbulente, chahuteuse ou avec laquelle on est en conflit permanent.
C’est aussi celle que l’enseignant peine à mettre au travail, une classe
amorphe, indifférente, voire dédaigneuse. Une classe qui, à la longue,
questionne notre identité enseignante et nous fragilise. Une classe où
on a du mal à pratiquer le métier et où les élèves ne parviennent plus à
faire leur métier d’élèves.
Tout ceci n’est pas neuf, peut-être
aussi vieux que l’idée de regrouper des élèves de façon stable pour les
confier à l’année aux mêmes professeurs. Mais, comme le souligne Rémi
Casanova dans ce dossier, « le mouvement est d’abord lié à un phénomène
social et culturel inscrit dans la longue histoire des mentalités
occidentales et qui se manifeste aujourd’hui par la défiance vis-à-vis
des institutions, professionnels comme usagers, et qui se fonde sur
l’individualisme, sur la modification profonde des rapports sociaux, du
rapport, voire de la construction du savoir ». La solution du problème
ne peut alors être seulement recherchée du côté des questions
techniques, de gestion de groupes, c’est la forme classe en elle-même
qui est à interroger.
Trois entrées dans ce dossier.
« Dans le
chaudron de la classe » : Qu’est-ce qui se passe dans la classe dite
difficile ? Comment font-ils au quotidien, ces enseignants, pour tenir
dans la classe ? Comment vivent-ils ce quotidien de la pratique ?
Quelles réflexions sur le métier ? En définitive, est-ce le même
chaudron partout ? Avec quelles solutions envisagées selon les contextes
?
Comment agir autour de la classe ? Dans quelle mesure les
différents partenaires de l’école qui agissent à la périphérie de la
classe ou de l’établissement peuvent-ils intervenir et comment ? Faut-il
conserver le modèle de la classe comme structure pour apprendre ? Avec
l’éclairage de plusieurs intervenants : conseiller principal
d’éducation, documentaliste, directeurs, chercheurs, formateurs,
enseignants, etc.
Quelles pistes pour enseigner quand même ? Cette
troisième partie revient à l’essentiel : installer les conditions pour
faire apprendre malgré tout. Même dans l’enseignement supérieur. On
constatera dans ce dernier volet un net contraste d’ambiance entre,
d’une part, les textes qui évoquent un fonctionnement de classe très
traditionnel avec des difficultés aigües, accompagnée d’une vision
pessimiste ou peu encourageante de l’école, et, d’autre part, les
articles montrant une recherche de fonctionnement différent, plus
optimistes sans être béats.
Une relecture précise et stimulante d’Olivier Maulini clôture ce dossier.
Ce n’est sans doute pas par hasard si, après le numéro 500 consacré à
l’apprentissage au XXIe siècle, celui-ci aborde cette thématique sous
l’angle de la classe quand elle résiste, quand elle devient trop
difficile. Bref, quand les enseignants et autres adultes, s’ils veulent
bien l’avouer, se sentent mis en échec dans ce qui fait leur raison même
d’être là avec un groupe d’enfants ou de jeunes. Nous souhaitons que ce
dossier contribue à aider chacun à se construire des analyses et des
savoir-faire plus pertinents, même si les recettes n’existent pas, pour
que les adultes restent heureux dans leur mission et que le plus
possible d’élèves retrouvent la confiance dans l’école.
"SERVIR LES ENSEIGNANTS ET NON SE SERVIR D'EUX"
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