Cher
parent,
J’imagine que, tu auras quelques difficultés à
me croire. Et je te vois sceptique quand tu m’entends dire que je devine ton
désarroi au regard de la tournure que prennent les enseignements destinés à ton
fils. Tu penses certainement que je manque de sincérité quand je dis ressentir
ton chagrin au vu de ce grand gâchis que représentent ces innombrables jours sans
classe. Tu estimes sans doute que je fais montre de mauvaise foi en te jurant
que je partage non seulement tes inquiétudes mais aussi toute ta souffrance…
Pourtant je te
donne ma parole que tel est bien le cas.
J’ai aussi, sinon plus, mal que toi, au vu de ce que notre Ecole est devenue.
Faut-il te le rappeler ? Si j’ai dû, la
mort dans l’âme, tourner le dos à mes cours, de concert avec des milliers de
collègues, c’est que j’ai été poussé à bout. Dans ma chair, dans mon cœur, je
me suis senti meurtri. Ma dignité blessée ne m’a laissé que ce recours :
me redresser et faire face.
Cher
compatriote, comment comprendre, l’acharnement avec lequel le gouvernement a
refusé de discuter avec les Syndicats depuis le début de l’année ? Comment
concevoir, quand il s’y est enfin résolu, contraint et forcé, qu’il se soit
accroché à des offres aussi ridicules que méprisantes que sont les mises en
solde, les rappels (Bons Impayés) dus aux enseignants oubliant et de mauvaise
foi tous les engagements pris par le Chef de l’ETAT.
A toi, je ne
dirais point que la vie est devenue bien difficile au Sénégal. Je suis sûr que
tu le sais autant que moi. Mais je tiens – sur l’honneur – à te préciser que ma
lutte, celle du Cadre Unitaire (CUSEMS, SELS/ORIGINEL, SAEMS/CUSEMS, UDEN/R…),
n’est pas centré sur de l’argent. L’enjeu est autrement plus important :
il s’agit de restaurer la dignité de l’éducateur, de ramener le décideur
politique à prendre acte du fait que si tous les citoyens sont d’égale dignité,
l’enseignant – quel que soit le palier auquel il appartient- compte autant que
les autres, fussent-ils ministres, magistrats, médecins, informaticien, statisticiens,
administrateurs civils….
Cette fois-ci, je me suis décidé à aller
jusqu’au bout. Et je le sais, le prix à payer est particulièrement onéreux. Ton
fils, mon fils, mon élève, n’apprend plus, depuis des mois et le gouvernement
n’en a cure, lui dont la rengaine est : les examens seront organisés
quelles que soient les circonstances !
Comme si ces
évaluations avaient valeur d’enseignement, comme si elles concernaient tous les
élèves du CI au CM2, comme si les autorités politiques de notre pays vivaient
sur une autre planète, avec d’autre sénégalais!
Pour un déroulement normal et correct des
évaluations de fin d’année, le gouvernement doit s’atteler aux attentes suivantes :
1. Lenteurs administratives :
a)
Délivrance des actes administratifs :
·
Mettre en place une commission ad hoc pour faire
le point sur les dossiers en instance à la Direction Générale de la fonction
publique ;
·
Reprendre et accélérer les opérations « coup
de poing» pour apurer tous les dossiers en instances ;
·
Diligenter le traitement des dossiers de
validation des fonctionnaires, d’autant plus que les lignes de crédit destinés
à l’alignement indiciaire et de part contributive de l’Etat au FNR sont
disponibles,
b) Paiement des
rappels :
Proposer un
plan d’apurement des rappels de tous les ordres avec des échéanciers
rapprochés, excepté les rappels de validation qui devront faire l’objet de
paiement intégral.
2. Formation diplômante et passerelles
professionnelles dans le moyen secondaire :
a)
Diligenter la mise en œuvre des offres de
formation proposées par la commission technique mise en place sur instruction
du Premier Ministre :
ü
Pour la formation des professeurs contractuels
de Philosophie,
ü
Professeurs contractuels titulaires de diplômes
dits « spéciaux »
ü
Titulaires de Bac B et G enseignant les
maths / SVT etc… en
mathématique-informatique
ü
Titulaire de Bac L enseignant l’économie
familiale,
ü
Instituteurs adjoints planifier la formation de
ce qui sont déjà inscrits sur MIRADOR.
ü
Diligenter la signature des décrets modifiés n°
90-444 et N°90-445, relatifs successivement au CAEM-CEM et au CAES
b) Passerelles
professionnelles dans le Moyen Secondaire :
ü
Diligenter la signature du décret n° 2011-627 du
13 mai 2011 relatif à la création de passerelles professionnelles dans le moyen
secondaire après partage avec les partenaires sociaux.
3. Gestion démocratique des personnels :
-
Diligenter la signature de l’arrêté portant création de la commission
gestion démocratique
conformément à l’engagement pris par le Ministre de l’Education
nationale sur instruction du Premier
Ministre.
4. Régime
indemnitaire :
ü
Ouverture immédiate de négociations sérieuses
avec les syndicats d’enseignants.
Aussi je te pris de recevoir cette lettre
comme un témoignage sincère de ma compassion et un appel à toi adressé pour que
tu fasses ce que tu peux afin que ton fils, mon élève, recouvre ses droits,
tous ses droits.
L’Enseignant qui lutte pour la
défense de son outil de travail !
THIES LE 24 MAI 2016
POUR LE CADRE UNITAIRE DES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS EN LUTTE
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