Les acteurs du système éducatif ont été reçus par le Président de la république au palais :
SG de syndicats d’enseignants, les présidents des associations de parents d’élèves, la présidente du Haut conseil du dialogue social, le président du Comité du dialogue social – secteur éducation et formation, les représentants des ONG actives en éducation, les médiateurs, le Premier ministre et les membres du gouvernement.
Après le laïus introductif de M. le Président de la République précisant les raisons de cette rencontre, les participants suivants ont été invités à prendre la parole : Abdoulaye NDOYE, Mamadou Lamine DIANTE, Abdou FATY, Amadou Fily DIAOUNE, Samba DIAKHATE, Mamadou DIOP Castro et Bakary BADIANE.
Voici le discours « in extenso » de Mamadou Lamine DIANTE Coordonnateur du Grand Cadre des Syndicats de l'Enseignement (GCSE):
Excellence M. le Président de la République,
M. le Premier ministre,
Mesdames messieurs les ministres,
Camarades Secrétaires Généraux de syndicats d’enseignants,
Chers participants.
Merci de venir au chevet de l’école. Elle a surement toujours été votre préoccupation, mais aujourd’hui elle se retrouve dans une situation très préoccupante, elle souffre.
Elle souffre, parce les enseignants du Sénégal souffrent. Il ne s’agit pas de revendication, car nous ne sommes pas dans une séance de négociation, mais je n’ai pas trouvé un autre mot pour exprimer la situation que vivent les enseignants.
Excellence, M. le Président de la république, les enseignants souffrent, parce que :
- 1. Ils ne se sentent pas suffisamment considérés par la société ;
- 2. Ils sont diabolisés alors qu’on leur confie la lourde responsabilité d’éduquer les enfants de notre pays. Nous ne sommes pas des pyromanes, et nous ne comptons pas mettre le feu à l’école. Nous ne sommes pas des professionnels de la grève, mais de la craie. Seulement, il arrive par moments que nous portions des revendications.
- 3. Ils ont été placés dans des situations administratives précaires communément appelées « corps émergents » (volontaires, vacataires, maîtres et professeurs contractuels).
- 4. Ils peinent à avoir un toit pour leur famille avant de faire valoir leur droit à la retraite. Etc.
Excellence, M. le Président de la République,
L’école et ses enseignants ne doivent pas souffrir, car vous devez réaliser votre ambition pour l’école et le Sénégal. Pour ce faire, nous pensons humblement qu’il faut :
a- Restaurer l’image de l’enseignant aux yeux de la société et lui redonner la place qui est la sienne dans cette société. L’autorité que vous constituez doit y jouer les tous premiers rôles et puis les autres vont suivre.
b- La question de la formation diplômante des enseignants doit être définitivement réglée au nom de la qualité des enseignements-apprentissages. Il en est ainsi de la formation diplômante des PC en Philosophie ainsi que tous les PC appelés « titulaires de diplômes spéciaux ». Le principal problème à ce niveau est la libération des fonds relatifs au financement de la formation qui s’élève à 200 millions. C’est le lieu de remercier et de féliciter l’ENSETP et la FASTEF qui acceptent de préfinancer la formation des enseignants. En effet, au moment où la FASTEF peine à avoir des candidats au CAES de philosophie, les étudiants titulaires de master en philosophie préférant aller ailleurs, il est incompréhensible que ceux qui sont dans le système ne puissent pas bénéficier de la formation diplômante.
c- Le renforcement de capacités académiques et pédagogiques des professeurs par l’application effective des passerelles professionnelles dans le moyen et secondaire. En effet, le ministère de l’éducation nationale a fini d’identifier les grandes disparités entre les régions en ce qui concerne le ratio « nombre de PEM ou PES/nombre d’élèves », et seules les passerelles professionnelles constituent une solution efficiente pour réduire ces inégalités. Tout cela doit être accompagné par l’effectivité du corps de administrateurs scolaires pour une bonne gestion du système et des fonds qui y sont investis.
d- La prise en charge correcte de la gestion de la carrière des enseignants à la fonction publique : contrats d’engagement, intégration, reclassement, avancement et retraite. Il est inadmissible qu’après en moyenne 30ans de bons et loyaux services rendus à la nation, que les retraités soient contraints de broyer du noir pendant six mois avant de commencer à percevoir leurs pensions.
e- Le paiement effectif de tous les rappels (intégration, avancement et validation pour les décisionnaires) dus aux enseignants.
f- Pour le logement, tous vos prédécesseurs ont eu à poser des actes forts à l’endroit des enseignants, et nous pensons que vous n’allez pas être en reste. Il faut faire quelque chose dans ce sens M. le Président de la république, car vous avez le devoir d’avoir les enseignants avec vous.
« Lou rey, lou yaatou, lou rafet » a d’abord été réalisé par les enseignants qui ont formé des ressources humaines de qualité dans ce pays. Ceci est suffisant pour que vous augmentiez substantiellement l’indemnité de logement des enseignants.
Et comme votre ambition est de pacifier l’espace scolaire, il ne faut pas laisser en rade les questions subsidiaires, notamment l’intégration dans la fonction publique des sortants de l’UFR-SEFS de l’UGB et le recrutement des sortants de la FASTEF/ formation payante.
Enfin, l’année dernière les salaires des enseignants ont été ponctionnés pour fait de grève, sans respect de la procédure en la matière. Ces heures ont été compensées après la suspension du mot d’ordre, et des engagements avaient été pris pour restituer cet argent aux ayant-droit (PAR QUI ? demanda le PR, MOI : selon un communiqué de conseil des ministres !). Nous avions le devoir de vous rappeler que ces sommes ne sont toujours pas remboursées, mais si vous estimez que les enseignants n’y ont pas droit, évidemment vous êtes le seul maître à bord.
Je vous remercie de votre aimable attention.
A la suite des interventions des acteurs, M. le Président de la république a pris un certain nombre de mesures dont :
1) Le remboursement des ponctions sur les salaires du mois d’avril 2015.
2) Le financement de la journée mondiale des enseignants par le ministère de l’éducation nationale (10 millions), et sa célébration tous les ans.
3) Le paiement de tous les rappels (intégration, avancement, reclassement et validation des décisionnaires) dus aux enseignants au plus le 31 décembre 2015.
4) L’alignement indiciaire de tous titulaires des actes de 2015 (avancement et reclassement) d’ici la fin de l’année.
5) Validation des fonctionnaires : alignement indiciaire à partir de janvier 2016 (5 milliards), part de l’état pour le FNR en 2016 et paiement du tiers des rappels de validation en 2017 et 2018.
6) Logement : partage du rapport sur le système de rémunération les 27 et 28 octobre 2015, facilitation de l’acquisition de logement sous forme de villa ou d’appartement dans les pôles urbains pour les nouveaux enseignants, finalisation des problèmes des ZAC (viabilisation et baux).
7) La tenue des élections de représentativité dans le secteur de l’éducation et la formation avant la fin de l’année scolaire 2015-2016.
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